Texte Musica

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25/06/2014 par altermittents

Voici le texte de l’intervention de Catherine Leromain, intermittente bien connue des compagnies et professionnels à Strasbourg, et cheville ouvrière de la coordination Alsace depuis ses débuts: elle s’exprimait lors de la présentation du festival de musique contemporaine Musica à Strasbourg, lundi 23 juin, qui lui a proposé ce temps de parole (merci).
Un texte juste et simple qui résume parfaitement ce pourquoi nous nous battons.

Je suis Catherine Leromain, intermittente du spectacle, employée par le festival Musica depuis 20 ans, attachée de production, responsable de la logistique d’accueil des artistes et de son suivi budgétaire. En dehors de Musica, je travaille pour des compagnies de théâtre et contracte avec une dizaine d’employeurs à l’année.

Je suis venue vous dire ce pourquoi les intermittents et précaires se battent depuis plusieurs mois… je devrais d’ailleurs dire depuis plus d’une dizaine d’années maintenant. Nous nous battons pour le maintien des droits sociaux liés à notre travail dans le cadre de la solidarité interprofessionnelle. Car oui, les intermittents travaillent, nous ne sommes pas des assistés, des privilégiés comme il plait aux médias de s’en faire trop vite l’écho.

Encore une fois cette année, les intermittents et tous les chômeurs ont été montrés du doigt, comme des fainéants privilégiés auxquels il faudrait demander des efforts. Encore une fois, il nous faut expliquer que non, les chômeurs ne sont pas responsables du chômage, que non, les intermittents ne sont pas de doux rêveurs inadaptés. Nous ne bénéficions pas d’un statut particulier mais uniquement d’un régime d’indemnisation du chômage lié à la précarité de nos métiers.

Depuis de longues années, le rêve du MEDEF et de ses alliés est de voir disparaître notre régime, comme celui des intérimaires, des régimes pourtant adaptés à l’emploi discontinu. A l’heure ou 86% des embauches de notre pays sont des emplois précaires, le régime des intermittents est devenu un modèle à abattre. Car, il ne faudrait surtout pas que ce modèle ultra flexible MAIS SÉCURISÉ fasse tache d’huile auprès de l’ensemble des précaires. Tout cela couterait bien trop cher à ceux qui rêvent d’une main d’oeuvre soumise, asservie et à moindre coût.

Alors oui, la bataille est rude. En abordant la question de la constitution de droits pour l’ensemble des salariés en CDD, nous sommes bien conscients de soulever des enjeux énormes. D’où les multiples résistances, les mensonges, les opérations de communication infamantes à notre encontre.

Sachez que les négociations de l’UNEDIC du 21 mars dernier, se déroulant au sein même du MEDEF, ont été une mascarade. Après 11 heures de suspension de séance, de conciliabules et petits arrangements dans les couloirs, l’accord a été conclu aux termes de 15 minutes de séance plénière. 15 minutes pour régler le sort de millions de salariés et de chômeurs ! Chacun appréciera la haute tenue, la pertinence et la valeur d’un tel dialogue social.

Depuis 2003, le comité de suivi de l’intermittence, composé de parlementaires et de professionnels du spectacle élabore des propositions plus justes, plus adaptées, plus économiquement pérennes et générant moins de précarité. Ces propositions n’ont jamais été évoquées à la table des négociations.

Face à la détermination du mouvement intermittent et précaire, Manuel Valls annonce que l’état va contribuer au financement des annexes 8 et 10 de l’Assurance chômage, en prenant en charge le différé contesté. Manuel Valls annonce qu’il va maintenir les crédits dans le spectacle vivant. Quid des autres secteurs de la culture, le cinéma, le patrimoine, le livre, etc ? Quid des intérimaires ? Quid de l’inscription de l’assurance chômage au sein de la solidarité interprofessionnelle ? Si Manuel Valls est en désaccord avec l’instauration du différé d’indemnisation au point de le faire financer par l’état, pourquoi agréer les nouveaux accords UNEDIC ?
Comment pourrions-nous être apaisés par ces nouvelles promesses pour le moins douteuses ?

Aujourd’hui comme hier, nous restons révoltés par ces manigances, les mensonges, les retournements de veste, les paroles trahies, par cette mascarade de paritarisme et de démocratie.

Alors que plus d’un chômeur sur deux n’est pas indemnisé, que 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, nous affirmons qu’une plus grande précarisation relèverait du massacre.

En conséquence :
– nous ne voulons pas d’un accord qui s’est fait sans nous et contre nous.
– nous ne voulons pas d’un monde qui se fait sans nous et contre nous.

CE QUE NOUS DÉFENDONS, NOUS LE DÉFENDONS POUR TOUS

Je remercie le festival Musica pour ce temps de parole.
Pour les journalistes qui le souhaitent, j’ai à leur disposition un dossier de presse sur les vérités et contrevérités du régime intermittent.
Merci pour votre écoute.

Merci Catherine pour ton engagement constant et pour cette prise de parole !

Une réflexion sur “Texte Musica

  1. […] Leromain donne son point de vue sur la question et soutient des actions de […]

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